Le mois de Ramadan

C’est avec une grande impatience qu’en principe chacun d’entre nous attend ce mois sacré de Ramadan. 
Traditionnellement placé sous le signe de la spiritualité, il est désormais marqué par une attitude de surconsommation de la part des musulmans. 
En effet, la préparation spirituelle de ce mois a été dans une certaine mesure remplacée par une préparation « matérielle »
Une dizaine de jours environ avant le début du mois de Ramadan, les commerces, grandes et moyennes surfaces comprises, mettent en avant un certain nombre de produits alimentaires particulièrement appréciés des musulmans en cette période. 

Dattes, feuilles de brique, makroud et autres pâtisseries, beurre, farine, semoule…sont exposés en tout premier plan. Ce moment est une période commerciale propice, en France mais aussi dans les pays musulmans. 

En effet, les ménages consomment plus de produits, notamment des produits coûteux tels que la viande et les fruits secs. 

Les commerces diversifient leurs marchandises : les boucheries vendent du pain fait ‘‘maison’’ ainsi que des pâtisseries… une chose est sûre : tout le monde se prépare activement à ce mois et personne n’oublie d’acheter les denrées nécessaires à la préparation de copieux et onéreux plats traditionnels. 

Pourtant, ce mois est avant tout un mois de grande piété. Il doit certes être attendu et préparé mais pas de cette manière. 

Le mois de Ramadan semble désormais se réduire à une période de surconsommation ou plus précisément correspond à une phase d’achats excessifs de biens, qui souvent ne correspondent pas à de réels besoins. 

Nous sommes en quelque sorte piégés par cette société de consommation, dans laquelle nous ne contrôlons plus cette possibilité de choix qui nous est offerte dans un univers de surabondance avec comme point de repère de notre identité, imposée par nos sociétés modernes, le pouvoir d’acheter. 

Apparemment, le fait de jeûner induirait pour un grand nombre d’entre nous une certaine oisiveté. Cet ennui semblerait alors se traduire par l’achat de produits en grande quantité, notamment alimentaires. Il s’agirait de combler le manque alimentaire par l’acquisition de nourriture : les acheter pour apaiser notre faim et étancher notre soif. 
Un autre aspect est aussi à prendre en compte pour tenter d’expliquer ce phénomène d’excessive consommation. 

En effet, durant ce mois de privation, certains estiment qu’on peut se faire plaisir, céder à toutes ses envies culinaires parce qu’on jeûne, parce que tous nos efforts méritent tout de même d’être récompensés. 
Aujourd’hui le comportement d’une grande majorité d’entre nous laisse penser que toute une partie de l’esprit et de l’utilité du mois de Ramadan est oubliée. En effet, la préparation de ce mois sacré se veut avant tout être une préparation spirituelle et physique. 
Il se prépare et s’attend durant tous les autres mois et tout particulièrement durant celui qui le précède, le mois de Cha’ban. Aïcha (Qu’Allah [SWT] soit satisfait d’elle) rapporta : « Le Prophète (PBSL) jeûnait au point que nous disions qu’il n’allait pas rompre son jeûne et il continuait sans jeûner au point que nous disions qu’il n’allait pas jeûner. Je ne l’ai jamais vu jeûner tout un mois si ce n’est le mois de Ramadan. Je ne l’ai jamais vu jeûner dans un mois autant de jours que pendant le mois de Cha’bân. »* 
Ainsi, le mois de Ramadan doit être un mois attendu avec envie et préparation. Et lorsque celui-ci arrive, on se doit de profiter de chaque instant et transformer chacune de nos actions en acte d’adoration. 
Mois de largesses certes ! Mais dans les actes de piété, de la générosité, de la sagesse… il faut que notre communauté prenne garde à ne pas tomber dans le piège de la consommation à outrance devenant un but pour chacun d’entre nous. Préservons ce joyau d’Allah (SWT), le mois de Ramadan. Dans un monde en perpétuelle quête de sens, Allah (SWT) nous offre cette miséricorde, cette possibilité de se détacher de ce bas monde, de ses richesses et de ses plaisirs en toute simplicité : jeûner. 

Le mois de Ramadan est ce havre de paix et de plénitude spirituelle, de proximité d’Allah (SWT) que nous souhaitons tous au fond de nos cœurs et nos âmes, ce moment dont nous avons tous besoin : 29 à 30 jours de maîtrise de soi, physiquement et psychologiquement, pour tout simplement L’aimer davantage. 

*Sahih Al-Boukhari, le livre du Sawm, chapitre 34. 

Certaines précisions doivent être apportées : Il ne faut pas oublier que le Prophète (PBSL) avait dit : 
« Faites les actes à la mesure de vos capacités, car Allah (SWT) ne se lasse jamais alors que vous vous lassez ». Sahih Al-Boukhari, le livre du Sawm, chapitre 34. 
Sahih Al-Boukhari, le livre du Sawm, chapitre 10 : Abou Houraira (Qu’Allah [SWT] soit satisfait de lui) rapporta que le Prophète (PBSL) avait dit : « Ne jeûnez pas le jour ou les deux jours qui précèdent le mois de Ramadan sauf si l’un d’entre vous avait l’habitude de jeûner ainsi, alors qu’il jeûne » C’est-à-dire que s’il s’agit d’un jour de jeûne habituellement jeûné (lundi, jeudi) alors il peut jeûner. 

Cependant la majorité des savants affirme qu’il est préférable de s’abstenir la veille du jour de doute. astronomique comme base de calcul et afin de résoudre le problème d’inexactitude, elle change de méthode dès lors que les horaires deviennent incohérents ou trop importants en période estivale. 

Par ailleurs, il existe plusieurs méthodes définies par les grandes institutions islamiques***: 

La majorité des pays musulmans retenant approximativement 18° (entre 17° et 19,5°) comme mode de calcul. 

Il faut toutefois ne pas confondre ces notions avec le concept de fajr kadhib rejeté par la majorité des savants. Il naît lors des premières lueurs blanches de la journée qui disparaissent assez rapidement ; alors que le fajr sadik reconnu par la majorité des savants naît légèrement plus tard et donne naissance à des lueurs persistantes. 

En espérant que ces quelques éléments auront contribué à vous satisfaire dans vos recherches ; Puisse Allah nous accorder une connaissance utile, et agréer notre jeûne en ce mois béni. 

Dans l’espoir que notre communauté arrive prochainement à des définitions communes et communique d’une même voix, puisse Allah (swt) nous accorder le respect entre croyants ainsi que Son pardon et Sa miséricorde. 

Qu’Il agrée notre jeûne et nos prières en ce mois béni.

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