ABATTAGE RITUEL

Auditionnés jeudi matin à l’Assemblée nationale, les représentants des inspecteurs sont revenus sur leurs conditions de travail dans les abattoirs, mais aussi sur la question sensible de l’abattage rituel.

Depuis plusieurs semaines, les auditions se poursuivent devant la commission sur les “Conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français”. Après l’association L214, les professionnels, ou encore le ministre de l’Agriculture mercredi, place aux représentants des inspecteurs vétérinaires des abattoirs.

Pour comprendre le débat >> Abattoirs : la maltraitance animale dans le collimateur des députés

Des pressions économiques et politiques lors des contrôles

Stéphane Touzet, secrétaire général adjoint du Syndicat national des techniciens supérieurs du ministère de l’agriculture (SNTMA-FO) ouvre les discussions.

Face aux députés, il est longuement revenu sur les conditions de travail des inspecteurs dans les abattoirs. Une tâche souvent compliquée, en raison des “effectifs très tendus” mais aussi d’ “les fortes pressions économiques et politiques dont on peut faire l’objet“.

Celui-ci note qu’il est parfois difficile d’y faire entendre sa voix car il s’agit d’un lieu “où l’on travaille tous les jours“. D’autant plus que pour les employés, le contrôleur est souvent perçu comme celui qui “veut nous empêcher de travailler“.

Lors de son audition le 27 avril, l’association de défense des animaux L214, à l’origine des vidéos tournées dans les abattoirs attestant de violences animales, s’était interrogée sur l’efficacité des services vétérinaires. Brigitte Gothière, la porte-parole de l’association, considérait que les fonctionnaires étaient en nombre insuffisant et que les contrôles peu suivis “d’effets ou de sanctions“.

Entre 2007 et 2011, les services vétérinaires avaient perdu 250 postes, passant de 1.650 agents à 1.400. Mais, suite au scandale des lasagnes à la viande de cheval en 2013, le ministère de l’Agriculture a gelé les réductions d’effectifs et décidé de créer 60 postes par an jusqu’en 2017.

L’abattage rituel : les animaux sont étourdis en Grande-Bretagne

Stéphane Touzet est ensuite revenu sur l’abattage rituel (halal ou casher). Durant les précédentes auditions de la commission d’enquête, élus, responsables professionnels et associatifs ont déjà largement évoqué la question, et notamment celle de l’étourdissement des bêtes.

Mercredi, le ministre de l’Agriculture a annoncé avoir diligenté une enquête pour vérifier si les règles relatives à l’abattage rituel sont correctement appliquées dans les abattoirs et quelles sont les pistes d’améliorations possibles. Économiquement, l’abattage rituel pèse lourd. Par exemple, il représente 50% de l’activité de l’abattoir municipal d’Alès, un site mis en cause dans les vidéos de L 214.

Stéphane Touzet explique qu’en Grande-Bretagne, “plus de 80%” des animaux abattus de façon halal qui sont étourdis.

Les sacrificateurs ne reçoivent pas tous des formations

Dans un abattoir, quel est le rôle du sacrificateur ? Quelle formation reçoit-il ? De quelle marge de man?uvre dispose-t-il ?

Sylvie Pupulin, la secrétaire générale du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV), explique que les sacrificateurs halal peuvent être formés par un abattoir, à la seule condition qu’ils soient employés par celui-ci. Est-ce à dire qu’à contrario, les sacrificateurs casher mais aussi les sacrificateurs halal non permanents dans les abattoirs, ne reçoivent pas de formation préalable ?

Oui, semble indiquer Alexandra Taillandier, la secrétaire départementale SNTMA (Techniciens des services du Ministère de l’agriculture) FO du Tarn :

Il nous présente une carte de sacrificateur par la mosquée ou la synagogue. Mais c’est tout. Derrière, nous, on ne sait pas. On ne peut pas attester qu’ils ont eu une formation par leur culte.Alexandra Taillandier, secrétaire départementale SNTMA FO du Tarn

Alors que ce passe-t-il si un sacrificateur ne fait pas correctement son travail ? Sylvie Pupulin explique avoir été confronté à ce type de situation :

Cela m’est arrivé sur un abattage avec un sacrificateur qui n’avait pas de couteau aiguisé, qui ne savait pas l’aiguiser et qui ne voulait pas que le personnel l’aiguise à sa place. Donc là, j’ai fait interrompre l’abattage et fait intervenir le directeur de l’abattoir.Sylvie Pupulin, secrétaire générale du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV)

 

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