Analyse de la vidéo de L214 à Sobeval

L’association L214 a diffusé une nouvelle vidéo dans un abattoir de veaux en Dordogne avec les commentaires du journaliste Hugo Clément. Analyse des arguments avancés avec notre expert de l’abattage rituel.

Comme pour la vidéo d’Ales certaines infractions ne sont pas liées à l’abattage mais a l’infrastructure de l’abattoir. Le box d’immobilisation à l’abattoir d’Ales n’était pas adapté à des bovins de petite taille. Le procureur de la République d’Alès  avait requis  trois amendes de 750 euros contre Jack Pagès, directeur de l’abattoir pour des pièges équin et bovin inadaptés et une absence de protection visuelle pour les ovins en attente d’abattage

  1. Les veaux sont conduits de force à un box d’immobilisation

A l’arrivée dans l ‘abattoir les veaux de moins de 8 mois sont encore frêles sur leurs pattes et sont désorientés. Leur manipulation est plus difficile que pour des bovins plus agés, cela est du au mode d’elevage. Ils ne sont  pas habitués à circuler librement.

Les moutons réagissent au phénomène de groupe et sont donc plus facilement manipulabes. Avec les nouvelles mesures du bien être animal, il est interdit d’utiliser la pile électrique ce qui rend le travail des bouviers plus contraignant. « Cattle present greater welfare concern compared to sheep or goats. This is because they are large and more difficult to restrain and take longer to lose sensibility after slaughter without stunning compared to sheep. » Temple Grandin, the halal Food Handbook

Une des solutions envisageables l’utilisation de tapis roulants (belly-conveyor system where the animal straddles a moving double rail), utilisé dans cet abattoir mais après l’abattage. Certains abattoirs utilisent un restrainer permettant la contention debout des animaux mais l’abattage est plus difficile a réaliser pour des veaux de gros gabarits. L’utilisation d’un restrainer est également autorisée pour les veaux en fonctionnement cadencé, à condition qu’il soit muni d’une mentonnière en bout de chaîne et que son fonctionnement permette un maintien de l’immobilisation de l’animal jusqu’à la perte de conscience. (décret du 1er juillet 2012  relatifs à l’autorisation des établissements d’abattage à déroger à l’obligation d’étourdissement des animaux).

Pour  plus d’infos sur  la contention voir notre article sur l’installation de contention modulable Combo https://halalnews.info/contention-bovins-batiment/

Dans la vidéo on voit un veau paniqué  et il essaye de passer par l’avant du box, pour éviter cela il faut remonter la contention vers le haut après chaque utilisation et la descendre progressivement pour laisser que la tête sortir du piège.

2.Les veaux voient leurs semblables se vider de leur sang

Deux box d’immobilisation ont été installé l’un a coté de l’autre, pour augmenter la cadence d’abattage. L’abattage rituel est très lent puisque des temps d’immobilisation dans le box sont imposés après la saignée (45s à l’interieur du box et 45s a l’exterieur). Au niveau rituel, il est interdit d’abattre un animal devant son semblable, il aurait fallu donc procéder par alternance, abattage conventionnel puis abattage rituel ou vice versa. On éviterait ainsi le mélange des abats et des abattages. Pour Temple Grandin, il faut cacher avec des parois pleines l’environnement autour du box immobilisation (solid barrier must be built around the head holder to prevent the animal from seeing people and moving equipment while it is entering the equipment.

Dans la vidéo on ne voit pas le second veau se vider de son sang mais seulement être abattu, de plus le box est de dos par rapport au premier. La saignée pour les veaux « étourdis » sont saignés plus loin dans la chaîne.

3. Abattage halal

Pour ce qui est de l’abattage halal, on voit que l’abattoir respecte la législation puisque si un veau reprend conscience il est aussitôt assommé.

Des veaux sont saignés debouts. La législation impose l’immobilisation, d’ailleurs le fait de le retourner sur le dos est un stress supplémentaire pour un animal dejà très sensible qu’il faut ménager à cause du purpura (au moment de l’abattage, une pression sanguine trop importante dans les capillaires sanguins entraine leurs ruptures et déclenche les petites hémorragies que sont les petites taches de purpura). Pour le confort du sacrificateur et une bonne saignée le mettre sur le dos est préférable. Temple Grandin (experte américaine) suggère que le box ne tord pas trop le cou de l’animal (Head holding devices should be designed to avoid excessive bending of the neck).

4.Abattage casher

Les rabbins utilisent des couteaux très spéciales dediées a l’abattage et attachent beaucoup d’importance à l’affutage. Le mouvement de scie du sacrificateur est dû au couteau utilisé avec un petit manche qui empêche une saignée rapide. Elle vient aussi du fait que la peau du veau n’est pas tendue par le box, il faudrait peut être  revoir ses deux points. Temple Grandin experte insiste sur ce point une  incision rapide est moins de souffrance  (A swift cut is best. Slow cutting is more likely to prolong sensibility)

5.Etourdissement

Les veaux présentent des signes de reprises de conscience. Les animaux devraient  être soumis a un test de conscience avant d’être accrocher car l’absence du réflexe cornéen (clignements spontanés) et l’absence de respiration rythmique sont les indicateurs de l’inconscience décrits comme parmi les plus fiables (Grandin, 2002; Gregory et al., 2007).  Le réflexe cornéen est testé en touchant légèrement la cornée. S’il est présent, le globe oculaire se rétracte légèrement et la paupière se ferme. Il faut distinguer la perte de conscience et les mouvements de pédalage et les contractions musculaires non coordonnées qui perdurent environ trois à quatre minutes après et ne sont pas en rapport avec la souffrance de l’animal car il s’agit de mouvements réflexes. Suite à un étourdissement mécanique efficace, un bovin s’effondre avec les pattes plus ou moins pliées, puis après quelques secondes, les pattes antérieures se tendent (Atkison et al., 2013).Puis on observe des mouvements de pédalage involontaires (phase clonique ou période de convulsions) pendant 15 à 60 s (Velarde et al., 2002).

Une étude sur des bovins indique que les pédalages sont très probablement des automatismes (Terlouw et al., 2012). Ces mouvements involontaires peuvent être liés aux centres générateurs de rythme, structures du tronc cérébral et de la moelle épinière impliquées dans la production de mouvements moteurs rythmiques, comme la marche (Guertin, 2009 ; Frigon, 2012). Le fonctionnement de ces générateurs est indépendant de la conscience.Les mouvements latéraux du cou sont plus difficiles à interpréter. Une partie des vaches profondément inconscientes après étourdissement présentaient des mouvements du cou (Bourguet et al., 2011 ; Terlouw et al., 2012)

Pour l’étourdissement au pistolet pneumatique, on voit que l’opérateur n’utilise pas la mentonnière pour immobiliser la tête, il rate donc la cible le haut du crâne

Epaulé par un conseil scientifique (composé notamment de membres de l’INRA), le pôle viandes locales vient de développer un prototype qui doit permettre d’étourdir les animaux en suscitant le moins de stress possible

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